Le dessin
Bienvenue sur mon site de dessins.
Pour commencer, j’ai envie de parler du dessin en général.
C’est quoi le dessin ?
Laissons d’abord la parole à Alfred Kubin, qui a su en parler mieux que quiconque :
« Dur à la tâche, le bagage léger et le cœur joyeux, le dessinateur se réjouit de la simplicité merveilleuse de son art qui lui permet de se contenter d’une plume, d’encre de Chine et de papier. Il invente ses créatures, imagine et justifie des choses impossibles. Discipliné, il éduque pendant des années son œil, sa main et son caractère jusqu’à concevoir progressivement cette grâce et cette innocence céleste qui peuvent tout faire comprendre avec quasiment rien. » (Le dessinateur)
C’est tellement beau que je suis presque gêné de le citer sur un site consacré à mes propres dessins… Je n’ai pas de concept particulier. J’aurais l’impression de m’excuser. Mais si je devais expliquer pourquoi j’ai choisi le dessin, et pourquoi je me contente en général de stylos billes et de feutres sur des petites feuilles, je ne pourrais pas mieux dire les choses.
Van Gogh peignait en dessinant. Sa peinture est nerveuse, émotive, elle vibre à chaque coup de pinceau. Ses toiles semblent s’animer. Ce n’est pas un hasard. Le dessin peut rendre sensible la tension interne de son auteur, connectée directement à la main qui dessine. Chaque courbe, chaque petit trait nerveux, chaque hésitation et chaque élan, tout est là, visible comme les secousses sismiques dessinées par un sismographe. Les sillons sur un disque vinyle, c’est presque la même chose. Mais qu’on ne vienne pas non plus lire dans les traits de crayons comme d’autres pensent, ou prétendent, lire dans les lignes de la main. Le dessin, c’est la transmission directe, non pas d’une vérité absolue, mais d’une vibration.
Le dessinateur a d’ailleurs beaucoup de points communs avec le musicien. C’est une question de rythme. Des petites variations, des notes ou des traits qui s’enchaînent, se superposent, s’articulent, plus ou moins appuyés, plus ou moins espacés et inclinés, des courbes ou des mélodies, plus ou moins longues, fluides ou électriques. Chaque musicien, chaque dessinateur a son doigté propre, sa souplesse ou sa raideur, son rythme interne. Il peut très bien avoir une idée précise, défendre un idéal, ou simplement chercher à exprimer quelque chose qui ne se traduit pas en langage journalier.
C’est sans doute pour cela que j’apprécie tant le cinéma d’animation, image par image. Dans une animation en volume par exemple, l’animateur (Ray Harryhausen !) anime lui-même, avec ses mains, la figurine. Chaque mouvement est un choix, une vibration dans l’espace.
Mes dessins sont comme des petits poèmes visuels (ou des petits tocs poétiques). Des choses simples, une pensée, une esquisse, un bout de phrase, des genres de mosaïques. Des personnages un peu à l’ouest, et des trucs fantastiques. Dessinés en écoutant de la musique (tout est bon : rock garage, psychédélique, punk, lo-fi, du vieux blues, du jazz…), ou juste accompagné des bruits de fonds (s’il n’y a pas trop d’interférences), selon l’humeur. C’est un « concept » suffisant.
Bref, je dessine des « trucs ».
Thibault Garbez